Psychose et drogues

Les gens pensent souvent que la consommation de drogues peut provoquer une psychose. Mais ce n'est pas aussi simple que cela. Il est vrai que les personnes qui sont déjà à risque ont plus de chances de souffrir de psychose lorsqu'elles consomment certains types de drogues, comme le cannabis.

Un mélange de vulnérabilité et de consommation de drogues

Un garçon qui fume de l'herbe pour la première fois et qui devient psychotique, avait déjà une prédisposition avant d'allumer. Le cannabis peut donc déclencher une psychose si la probabilité était déjà là. Dans ce cas, la consommation de drogue est le déclencheur de la psychose. Les facteurs suivants jouent tous un rôle et, combinés à la consommation de drogue, peuvent augmenter la probabilité d'une psychose induite par la drogue :

  • Des antécédents de maladie mentale dans la famille
  • Si vous avez réagi très fortement au fait de fumer de l'herbe avant
  • Fumer de l'herbe depuis un très jeune âge

Probabilité de psychose à cause des drogues

Comment savoir si l'on risque de devenir psychotique ? Souvent, vous ne le découvrez qu'au moment où vous remarquez vos premiers signes de psychose. S'il s'avère alors que vous êtes vulnérable à la psychose, vous feriez bien d'arrêter de prendre des drogues. Si vous devez vraiment fumer de l'herbe, optez pour du cannabis doux à faible taux de THC, et non pour les drogues fortes de type « Haze ».

Ce que les drogues font à votre cerveau

L'augmentation des niveaux de dopamine dans le cerveau pourrait jouer un rôle dans la psychose, bien que cela reste une hypothèse et non un fait scientifique. Le cannabis peut affecter la dopamine : il peut augmenter sa dégradation dans les régions frontales du cerveau, tout en augmentant les niveaux de dopamine dans les régions plus profondes du cerveau. Cet effet peut entraîner un risque accru de psychose. Lorsque vous prenez beaucoup de drogues, vous pouvez vous retrouver dans une psychose temporaire induite par la drogue : une psychose dite toxique. Il peut s'agir d'un épisode ponctuel, mais aussi du début d'une vulnérabilité qui dure toute la vie.

Arrêter l'herbe pour réduire le risque de psychose

Il existe une règle pour toutes les substances qui altèrent l'esprit : il est préférable de ne pas arrêter d'un coup. Bien que la consommation de cannabis augmente le risque de psychose, l'arrêt brutal du cannabis peut également entraîner des problèmes mentaux. Si vous avez déjà arrêté de fumer de l'herbe, vous pouvez vérifier si des symptômes psychotiques sont apparus juste après l'arrêt. Si ce n'est pas le cas, le risque de psychose lié à l'arrêt du cannabis semble faible.

Risque plus élevé lorsque l'on fume de l'herbe à un jeune âge

De plus en plus de preuves indiquent qu'il existe un lien entre la consommation de cannabis à un jeune âge et le développement de psychoses à un âge plus avancé. Cela est probablement dû au fait que le cerveau d'un adolescent est encore en plein développement. Les scientifiques pensent que le THC (l'une des principales substances chimiques efficaces du cannabis) affecte le fonctionnement de certaines parties du cerveau. La partie antérieure est responsable des fonctions mentales complexes. Si la consommation de drogue entraîne des changements permanents dans cette région du cerveau, les conséquences sont irréversibles.

Psychose induite par l'alcool et autres substances

Le cannabis n'est pas la seule substance susceptible de déclencher une psychose chez les personnes vulnérables :

  • La cocaïne stimule le cerveau d'une manière qui vous rend hyper vigilant, facilement effrayé et peut-être même délirant
  • La MDMA (ecstasy, Molly ou « E») peut déclencher une panique et des délires de persécution
  • La MDMA peut augmenter les symptômes des personnes qui deviennent facilement dépressives ou psychotiques
  • La consommation à long terme d'amphétamines comme la MDMA peut entraîner des  hallucinations et une paranoïa
  • Le LSD est une « drogue psychédélique » bien connue et ses effets peuvent ressembler à une psychose. Il peut également provoquer de la peur, des hallucinations et une grande confusion
  • L'alcool peut également déclencher une psychose si vous êtes vulnérable

Résumé

L'alcool ou les drogues ne sont jamais la cause unique d'une psychose. Il y a toujours d'autres facteurs qui y contribuent. Cependant, la combinaison d'une vulnérabilité à la psychose et d'un ou plusieurs déclencheurs, comme la consommation d'alcool ou de drogues, peut définitivement augmenter le risque de psychose.


Prof. Dr Jim van Os est un psychiatre orienté vers le rétablissement et président de la division des neurosciences au Centre médical de l'Université d'Utrecht. Il est également professeur invité d'épidémiologie psychiatrique à l'Institut de psychiatrie de Londres.

Jim travaille à l'interface de la science « dure » du cerveau, de la recherche sur les services de santé, de l'art et des expériences subjectives des personnes ayant une « expérience vécue » des soins de santé mentale.

Jim a également des membres de sa famille atteints de psychose.

Depuis 2014, Jim figure sur la liste Thomson-Reuter Web of Science des « esprits scientifiques les plus influents de notre temps ». En 2014, il a publié son livre « Au-delà du DSM-V », et en 2016 le livre « Des soins de santé mentale de qualité ».

L'AFPL asbl tient à remercier le Prof. Dr Jim Van Os et la fondation PsychosisNet (Stichting PsychoseNet) » de nous avoir permis de traduire ce texte de l'anglais au français et de le publier sur notre site.

Vous pouvez consulter le texte original en anglais (psychosisnet.com) et en néerlandais (psychosenet.nl) respectivement. Ces sites publient également des informations complémentaires, par ex. sur les médicaments, des conseils pour les proches, des chats, des applications, des livres, des podcasts, des articles, etc. qui n'ont pas encore été traduits sur le site de l'AFPL.